Février 2021 Livingston Guatemala
Difficile de trouver des avis plus mitigés que sur Livingston, siège de la culture Garifuna au Guatemala.
Certains ont adoré, beaucoup ont été déçus.
Nous avons du temps , c’est le propre de notre deuxième partie de voyage .
Tant de divergence a piqué notre curiosité, il fallait y jeter un œil.
Livingston
– La Casa Rosada
– Faire un tour en Kayak
– Déambuler dans le centre
– Marcher le long de la plage
– Se faire tresser les cheveux
– Carnet Pratique
Autour de Livingston
– Siete Altares
– Playa Blanca
⇒ L’ attaque de la méduse
⇒ Carnet Pratique
l’ Histoire de Livingston
– Les Garifunas
⇒ Origine des Garifunas
⇒ Musique et Culture Garifunas
⇒ Et la musique à Livingston ?
– Les Q’eqchies
– Héritiers du peuple indien
– Descendants des espagnols
A l’ Est du Guatemala, Livingston se situe à l’embouchure du Rio Dulce et donne sur la mer des Caraïbes.
Son nom Garifuna : la Buga signifie d’ailleurs « la bouche » en référence à son emplacement.
Lorsque nous atteignons la ville, en début d’après-midi, encore émerveillés de la descente du fleuve en bateau, nous ne savons pas à quoi nous attendre.
A l’entrée de l’embouchure, la vision des décombres de l’oléoduc effondré dans le fleuve, couvert de pélicans, sous la dureté du soleil de mi-journée a quelque chose de surréaliste.
Le bateau nous dépose, à l’entrée de la ville au splendide ponton de la casa Rosada fraîchement rénové où nous nous nous empressons de déposer nos affaires pour partir en exploration rongés par la curiosité.
La première impression est surprenante, en cette heure de mi-journée, les habitations défraîchies et la langueur des gens nous donne l’impression d’arriver dans une ville endormie.
Un peu poussiéreuse.
Presque une ambiance de Far-West mais dans un décor de Caraïbes.
Nous sommes loin, très loin de l’imaginaire collectif qui voudrait que chant et musique retentissent toute la journée.
Et pourtant, nous trouvons agréable et reposant de nous promener dans la petite bourgade.
Disposant de quelques jours, nous décidons de retourner à la casa Rosada avant de prendre le temps d’explorer tranquillement.
Cette Guesthouse, située à l’entrée de la ville, se compose d’un splendide dortoir, dont les baies vitrées s’ouvrent sur l’embouchure et de chambres simples sous le dortoir.
L’ensemble se complète d’un petit jardin et du ponton pourvu de hamacs.
Parfait pour buller en regardant le coucher du soleil.
Pour avoir visité les chambres, elles sont loin d’avoir le charme du dortoir qui offre une vue splendide.
Nous y sommes accueillis par un volontaire canadien qui réside là depuis un certain temps.
Personnage atypique, il a longtemps été enseignant pour des enfants de 6 à 10 ans.
Autant dire que le contact passe bien avec Alice.
Il est également musicien et touché par son enthousiasme lui propose un atelier artistique découverte musicale.
Mais il est aussi à l’initiative très intéressante de l’ouverture d’une école destinée à l’apprentissage de l’anglais pour adulte ou enfant de la commune.
Au moment où nous sommes passés, il avait obtenu les autorisations de la mairie, trouvé un local et devait commencer la semaine suivante.
Il serait intéressant de savoir ce qu’il est advenu de cette école.
La Casa Rosada avait gentiment mis à notre disposition des kayaks.
S’il est déconseillé de partir coté mer, nous avons remonté … un peu l’embouchure.
Sans personne, ni aucun bruit de moteur, c’est une expérience vraiment agréable.
Avec en plus, le spectacle de Pierre et Raphaël, inefficaces au possible en tandem, qui ont failli se finir à coup de rame.
Très mauvais exemple de solidarité familiale mais franche rigolade.
Délaissant pour un temps les kayaks mis à notre dispositions par nos hôtes, nous remontons la petite rue de terre en longeant la côte, vers le centre.
Les constructions y sont anarchiques et bringuebalantes, clairement la gestion des déchets n’est pas au point mais un certain charme se dégage de l’ensemble.
Nos pas nous mènent tout d’abord à passer devant l’ancien lavoir.
Celui-ci est toujours en activité et les habitants frottent leur linge de concert.
Ici on retrouve moins de tenues traditionnelle qu’au lac Atitlan ou la culture Maya est encore très présente et majoritaire.
Notre ballade en direction du port nous emmène ensuite devant l’office de tourisme qui présente une petite exposition claire et bien faite sur les origines de Livingston et de ses habitants.
Le port se situe dans le prolongement de la route juste après un terrain de sport très prisé des habitants.
En cette période de Covid celui-ci est presque à l’arrêt et nous décidons de remonter la ville le long de la plage vers le nord.
C’est en nous perdant dans les rues que nous entendons des rythmes de percussion s’échapper sans que nous arrivions à les localiser vraiment.
Curieux , nous poursuivons notre ballade vers le Nord le long de la côte
Il est possible de remonter la côte à pied jusqu’aux cascades des Siete Altares en longeant la côte.
Sans aller jusque là nous avons poursuivi jusqu’au rocher surmonté d’une statue du Christ Protecteur des pêcheurs.
A l’extrémité nord de cette petite ville du Guatemala, les petites habitations sommaires envahissent la plage de Livingston.
La mer ramène malheureusement les déchets sur la rive gâchant le paysage idyllique.
Ici la réalité nous rattrape et le contraste est saisissant entre la précarité des gens, le désastre écologique résultant notamment de l’absence de possibilité de recyclage ou de politique de prévention et la beauté des lieux.
L’accueil est souriant mais réservé, indifférent parfois.
Nous nous faisons discrets
Un des petits souvenirs touristiques classique à Livingston consiste à se faire tresser les cheveux.
Au cours de nos déambulation, quelques femmes nous ont sollicités pour Alice.
Honnêtement, la population locale étant multiculturelle nous n’avons pas vu tant que ça de femmes aux cheveux tressés, ni dont la chevelure s’y prête d’ailleurs.
Mais Alice était très motivée, elle a donc serré les dents pour un tressage fin un peu douloureux.
Quand à nous nous étions ravis d’être débarrassés de la corvée démêlage de ses cheveux frisés pendant au moins 2 semaines.
Une ou deux boutiques proposent le tressage sur le port, sinon des femmes vous héleront dans la rue pour vous proposer leurs services.
La Casa Rosada
3 nuits pour la famille : 1500 Quetzals en dortoir
Whats App: +50254145407
FB casa rosada
La Buga Place :
Petit restaurant en face de la casa Rosada.
Les enfants ont adoré les pizzas
Prix : 4 grandes pizzas / 180 Quetzals
Pupuseria Lupita :
Dans la rue centrale , de très bons quesadillas et pupusa.
Prix : 130 Quetzals / 6 portions
Comedor Mary
sur le port, très moyen
Acheter des Carrot cake au bord de la route : ils sont délicieux et vendus dans la rue à coté de la Casa Rosada.
Parfait pour un petit déjeuner.
Cuisine Garifuna :
en cette période peu de restaurants étaient ouverts et ceux qui se targuaient de cuisine spécialisée nous ont proposé des tarifs prohibitifs.
En lancha collective publique
Depuis le « Muelle » de Rio Dulce : 1 ou 2 départs par jour.
Au moment de notre passage, le bateau s’arrêtait pour une pause aux sources chaudes sur la descente du Rio Dulce
De mémoire 120 Quetzals par adulte .
Avec la lancha envoyée par la Casa Rosada
Tarif 400 Quetzals pour la famille, cela nous revenait moins cher que la publique.
En lancha privée:
vous trouverez facilement des capitaines à Rio Dulce pour proposer leurs services.
Le prix se négocie et si vous vous groupez , ce ne sera pas plus cher que la collective.
De nombreux capitaines vous proposeront un tour à la journée pour descendre le Rio Dulce en lancha jusqu’aux Siete Altares.
Si vous avez peu de temps cela vaut vraiment la peine.
La descente du fleuve est incroyable
Vous pouvez également programmer une expédition si vous logez dans un des hôtels du bord du fleuve.
Habituellement, Livingston est une bonne voie de passage entre le Guatemala et le Belize .
On ne vous en dira pas plus, en ces temps de covid le pays était fermé
Nous avions 2 visites que nous tenions à faire : les cascades de Siete Altares et la plage idyllique de Playa Blanca.
Initialement, nous voulions marcher jusqu’aux Cascades mais Playa Blanca n’est accessible que par bateau et le trajet passe devants les cascades.
Nous avons donc recontacté le même capitaine qui nous avait amené à casa Rosada pour organiser une journée de visite en compagnie d’une espagnole rencontrée à l’ hostal.
Cette série de petites cascades est aussi jolie que rafraîchissante mais est loin de rivaliser avec Sémuc Champey.
On remonte les différents niveaux par un chemin et pour les derniers en pataugeant dans l’eau.
Pensez aux chaussures d’eau si vous en avez.
Ce n’est pas LA visite indispensable à faire au Guatemala en venant à Livingston, mais le moment fut très agréable.
C’est aussi là que nous recroisons pour la première fois les pirates qui voyagent en camion depuis 18 mois ( sans savoir que ce sera loin d’être la dernière).
80 Quetzals pour la famille
2 options :
Soit comme nous, le combiner avec Playa Blanca ( dans ce cas, la lancha vient directement vous récupérer à votre hôtel s’il dispose d’un ponton ou bien directement au port.
Soit se rendre jusqu’à la sortie de Livingston ( à pied ou en tuk tuk ) et une fois le pont passé, finir le trajet à pied.
Selon nos sources, cette plage ne diffère guère de celles du Belize.
Si vous y allez ensuite elle ne vaut peut-être pas le déplacement.
Mais ce dernier étant fermé en cette période de covid, nous avions envie d’expérimenter la plage de sable blanc des Caraïbes.
Le transport en bateau le long des côtes est toujours aussi magique.
La mer de Caraïbes d’un coté et la plage bordée de sa végétation luxuriante de l’autre.
A l’arrivée, la plage tient toutes ses promesses: des palmiers, du sable blanc, une eau turquoise….
Et pour cause, c’est une plage privée parfaitement bien entretenue.
Amateur de naturel, passez votre tour.
Mais si vous avez juste envie de « chiller » une journée sur vos transats dans un cadre idyllique, c’est parfait pour vous.
Et nous y étions presque, allongés sur nos transats, une bière fraiche à la main pendant que nos 4 enfants pataugeaient devant nous.
Quand tout à coup : le drame !!!
Les cris hurlements d’Alice nous ramenèrent à la réalité.
Une méduse s’était enroulée autour de sa jambe.
La barwoman lui a immédiatement servi le cocktail méduse : un mélange de citron et de vinaigre à appliquer copieusement sur les brûlures.
A priori , avant d’agir, le mélange brûle bien si l’on se réfère à l’augmentation du volume sonore des cris d’Alice.
C’est peut-être comme ça que cela fonctionne: en brulant toutes les terminaisons nerveuses de la peau…
Il nous aura fallu une bonne 1/2 h pour la calmer et que tous retournent jouer.
Les bières sont chaudes ..
En explorant un peu les alentours de la plage, nous remarquons la présence de tentes et bungalow à son extrémité.
Visiblement, on peut loger dans le secteur.
Et là, privé ou pas ce doit être quelque chose de dormir sur cette plage.
45 Quetzals l’entrée avec boisson incluse.
Les enfants n’ont pas payé.
En bateau, nous avons payé 400 Quetzals que nous avons partagé avec une co-voyageuse au prorata des places occupées.
Au retour en bateau, nous passons devant d’autres très belles plages moins aménagées.
Un coup d’œil à Google map au moment ou j’écris ces lignes me montre au moins 2 autres plages référencées : Playa Quehueche ( à mi parcours de Siete Altares) et Punta de Cocoli.
La première au moins est accessible à pied.
On se demande si en restant plus longtemps il n’y a pas moyen de trouver un pêcheur qui nous emmène sur une autre belle plage pas privée…
Si nous avons aimé notre visite, il est vrai que la ville ressemble peu à l’ambiance qui est décrite dans les guides ni à ce que les voyageurs en attendent.
Alors pourquoi ?
A notre avis la ville pâtit probablement d’un imaginaire collectif erroné lié à son histoire et sa localisation: les Caraïbes !!!
En effet, les premiers colons de Livingston étaient les descendant des tribus locales fuyant les Caraïbes quand les Espagnols et les Anglais les conquirent .
Parmi elles, les Garifunas.
Elle joue un rôle fondamental dans la culture des Garifunas.
Ce système musical traditionnel témoigne de leur double héritage africain et amérindien, produit de cette hybridation ethnique et culturelle.
La pratique musicale, instrumentale et vocale, est liée à des activités spécifiques de caractère tant récréatif (les occasions festives) que rituel (le culte des ancêtres).
Les Garifunas sont parvenus à garder vivantes leur musique et leur religion, l’une et l’autre étroitement mêlées.
A travers elles il est encore possible de recueillir la partie la plus « authentique » de leur culture.
Musique et religion Garifuna
Les Garifunas pensent que l’âme de l’homme est divisée en 3 parties:
Ainsi, la bonne santé des vivants dépends des ancêtres et plusieurs rites permettent de communiquer avec eux.
Le Dügü:
Pratique la plus importante basée sur le culte des ancêtres.
Il s’agit d’un rituel destiné à apaiser la colère des ancêtres au travers d’offrandes de nourriture et de boissons.
La cérémonie tenue par un chamane (le buyei) se compose de danses et de chants sacrés pour inviter les défunts à redescendre sur terre danser avec les vivant pour renouer les liens.
Il peut durer jusqu’à une semaine.
le Chugù
version plus courte du Dügü sur 1 journée.
De loin en loin nous avons entendu des rythmes de percussions entraînants s’échapper des maisons.
Mais rien de plus.
Si la musique fait partie intégrantre de la culture des Garifunas, en cette période de covid elle est restée cantonnée à la sphère privée
Elle joue pourtant un rôle fondamental dans la culture des Garifuna.
Sa pratique, instrumentale et vocale, est liée à des activités spécifiques de caractère tant récréatif (les occasions festives) autant qu’aux rituel (le culte des ancêtres).
Ils arrivèrent à Livingston au XVIeme siècle et y établirent un comptoir commercial : entraînant le déplacement des populations locales dont les Garifunas.
Mais les attaques pirates, trop importantes, les poussent à se se déplacer à l’entrée du fleuve Rio Dulce au lac Izabal où ils construisirent le Castillo San Felipe.
En conclusion:
Il en résulte un melting pot culturel extrêmement fort.
Mais il s’agit quand même d’une petite ville tranquille du bout du monde.
Accessible uniquement par la mer ou en descendant le fleuve en bateau, composée d’une population de pêcheur, l’endroit a fortement pâti du développement de Santo Barrios et de Puerto de Santo Tomas de Castilla.
Ces 2 ports l’ayant remplacée dans les échanges commerciaux côté Caraïbes.
La période encore plus particulière du Covid a terminé de l’enclaver complètement, les échanges avec le Bélize étant arrêtés.
Nous avons aimé passer ces quelques jours à Livingston ( sur la côte Caraïbe du Guatemala ) mais nous comprenons que l’endroit puisse déplaire.
Des habitations délabrées, une pollution visible, une population locale plus réservée et des attractions comme Playa Blanca conçues pour le tourisme.
En ce qui nous concerne nous avons été touchés par l’ambiance malgré tout et ne regrettons pas ces quelques jours.
Même si vous choisissez de ne pas y dormir, la descente du fleuve vaut son pesant d’or, et reste indispensable si vous êtes de passage à Rio Dulce.
Nous avons tellement aimé que nous avons même décidé de nous offrir le plaisir de séjourner quelques jours sur les rives du fleuve à la Finca Tatin.
Ce sont d’ailleurs eux qui viennent nous chercher à Livingston.
Pour notre part l’expérience est réussie mais l’on peut comprendre la déception d’autres voyageurs.
Petit plus pour certains cinéphiles de l’équipe, la côte de Livingston au Guatemala fut en 1998 le lieu de tournage d’une scène d’un film fantastique ( une histoire de jugement dernier et de voyage dans le temps … )