Octobre 2019
Nous voilà au pied du Sani pass, au sud du Drakensberg, frontière naturelle du Lesotho, petit pays enclavé dans l’Afrique du sud aussi appelé le « royaume dans le ciel ».
A l’ouest du Lesotho, la seule frontière terrestre « praticable » est le Sani Pass.
C’est le moment d’en profiter pour passer une journée sur les hauts plateaux de ce petit pays.
Le Sani pass
–La montée
–Les légendes du Sani Pass
–Les travaux de l’ UNESCO
Le Lesotho
– Les bergers Basothos
– Visite d’une bergerie
– Déjeuner au village de Skiring
⇒ Un village d’estivage
⇒ Hutte traditionnelle du Lesotho
⇒ Portrait de Vitelena
⇒ Un autre regard sur l’aide internationale
– Déjeuner Permettre aux locaux de bénéficier du tourisme
À 2800 m d’altitude, le Sani Pass est la seule frontière par la route avec le « royaume dans le ciel » du Lésotho, au sud du Drakensberg.
La « route » est uniquement accessibles aux 4×4 ce qui au vu de notre expérience croissante en dit long sur son état…
Il est également possible d’y accéder à pied mais ce n’est pas pour notre niveau de compétence.
Pour la première fois de notre périple, nous avons donc recours aux services d’un guide réservé par l’intermédiaire du Sani Lodge qui nous conduit en 4×4.
Nos doutes sur l’état de la route sont rapidement confirmés quand Mathiew nous annonce :
un massage africain gratuit.
Doux euphémisme pour décrire les secousses occasionnées par la piste trouée et caillouteuse .
Le comparatif avec Space Mountain ou un passage dans le tambour d’une machine à laver conviendrait mieux que massage.
Bien évidemment les enfants à l’arrière sont ravis !
Même s’ils doivent tenir la porte pour qu’elle ne s’ouvre pas et que Raphaël rebondit régulièrement contre le toit.
Cela étant, nous sommes tellement époustouflés par le panorama que les secousses semblent presque de douces caresses.
Notre guide, octogénaire bondissant et passionné, natif de ces montagnes, nous abreuve de détails et anecdotes sur le site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pour les natifs, chaque rocher a une histoire particulière.
Tout le long de cette première partie le chemin est en travaux.
En effet, l’UNESCO a demandé que le poste frontière soit déplacé plus en bas du col pour préserver la faune et la flore.
La falaise qui la borde est consolidée par l’insertion de pics métalliques de 7 m de long à même la roche pour éviter les glissements de terrain.
Rester bloqué derrière un camion de travaux qui essaye de gravir une pente aigüe où tout demi tour est impossible est .. intéressant.
Curieusement personne ne semble inquiet et tout le monde trouve ça normal.
Entre le poste frontière Sud-Africain et la frontière officielle du Lesotho : la route, si le mot s’applique encore, attaque une montée de plus en plus raide: une quinzaine de lacets sur une pente à 30 % .
La vue est impressionnante.
Nous avons quand même la surprise d’être doublés par une moto cross que notre joyeux guide qualifie d’ « accident looking for a place to happen »
Des panneaux « Venez en paix » nous accueillent enfin au Lesotho .
A partir de là nous poursuivons sur une magnifique vraie route bitumée.
Surpris, nous apprenons que la Chine a apporté son aide désintéressée pour sa construction.
Les ressources minières sont très importantes au Lesotho, coïncidence ? Ce n’est pas l’avis de Matthew…
Nous arrivons sur un vaste plateau recouvert d’une végétation de toundra, parsemé de loin en loin des huttes des bergers Basothos, qu’ils investissent pendant la période estivale.
Pour la suite de la journée notre guide nous conduit au contact des Basothos ( habitants du Lesotho ) dont il connaît parfaitement la langue.
Manifestement, peu de touristes aussi jeunes font le détour par leurs montagnes.
En conséquence, Matthew nous explique qu’un enfant blanc est une véritable curiosité !!! Alors avec les yeux bleus en plus !!!
Nils les intriguent tellement qu’ils lui demandent de descendre de la voiture pour mieux le voir.
Les rôles changent et les jeunes gens se rassemblent autour de nous.
Alice et Nils ont beaucoup de succès et se prêtent au jeu de nombreux selfies avec eux.
Devenir un homme au Lésotho
Cette coutume qui les éloigne de l’école plusieurs mois par an porte un préjudice important à leur éducation et les femmes sont de plus en plus souvent mieux instruites que les hommes.
En conséquence, les bergers qui souhaitent progresser se voient obligés de suivre des cours du soir une fois devenus adultes en plus de leur journée de travail.
En trois coups de cisailles d’une dextérité époustouflante, les chèvres se retrouvent entièrement tondues de leur laine ( mohair ) qui est ensuite triée manuellement en fonction de sa qualité et préparée en ballot pour l’export.
A l’heure du déjeuner, nous rejoignons un village Skiring pour partager le repas d’une habitante : Mme Vitelena.
En plus des huttes disséminées dans la montagne, un petit village existe aussi pour les familles des rares bergers qui sont mariés ou pour ceux qui comme cette femme accueillent les touristes .
Sa hutte est construite de façon traditionnelle.
Une seule pièce sans fenêtre, un foyer au centre et un toit de paille.
La fumée n’a pas besoin de cheminée, elle s’évacue au travers du toit.
L’hiver, elle vit dans la vallée, dans une maison classique (du moins à nos yeux) auprès de ses enfants (6!) dont le plus jeune, 11 ans, est laissé à la charge des aînés quand elle est absente.
Notre hôte est charmante et converse avec nous sans pudeur ni faux semblants sur sa vie, son métier et la situation de son pays.
Vitelena vient ici depuis des années.
Initialement elle possédait des moutons qui lui ont été volés.
Il s’agirait d’une coutume habituelle ici quand on considère que vous possédez trop sans redistribuer.
Surprenant mais efficace !!!
Après ce premier coup dur suivi du départ de son mari, loin de se laisser abattre, elle a profité de l’arrivée des touristes pour développer un échange avec le Sani Lodge.
Désormais elle présente sa culture et son artisanat.
Son repas, est presque complètement traditionnel : un excellent pain ( 1 h de cuisson ), un mélange de haricot et maïs ( 3 h de préparation tout aussi bon ) et la sauce qui va avec, 5 mn nous dit elle avec fierté en nous tendant un sachet Knorr !!!
Cette conversation est l’occasion pour notre hôte et notre guide de nous transmettre leur vision des choses sur l’aide internationale.
Vitelena nous confie que le petit pays du Lesotho connaît des difficultés notamment en ce qui concerne la pauvreté et l’éducation et que de l’aide peut être bienvenue.
Mais selon eux, les aidants ne devraient pas décider unilatéralement au nom d’une prétendue sagesse ce qui est nécessaire.
Ils devraient juste prendre le temps de demander :
De quoi avez vous besoin ?
Cela permettrait, selon elle, de concentrer les efforts sur les besoins réels de la population au lieu parfois ( souvent ) de brasser du vent pour rien.
À chaque fois que nous conversons avec quelqu’un rencontré à l’improviste, notre guide note son nom et ses coordonnées dans un livret.
Il nous explique qu’en dehors des rétributions prévues pour le déjeuner et la visite de la bergerie ils ont un accord avec les locaux.
Le Sani Lodge fournit du matériel à ceux qu’ils croisent lors de leurs visites, notamment les couvertures de laines ( très coûteuses) dont ils se drapent les épaules la journée pour se protéger du vent et des intempéries.
Le financement du matériel provient du prix de la visite guidée .
C’est un moyen pour eux de redistribuer une partie des bénéfices du tourisme aux locaux qui le subissent sans en vivre.
Ainsi ils peuvent quand même tirer profit du passage des voyageurs (souvent bien plus aisés qu’eux) sans compromettre leur dignité.
Notre guide nous conduit ensuite prendre un thé sur un plateau à 3200 m d’altitude battu par les vents.
Nous avons la chance de voir un vautour bearded (de plus en plus rare dans ces montagnes) piquer en vol plané pour récupérer des miettes de gâteau perdues par Nils.
C’est dans le pub le plus haut d’Afrique que se termine cette journéee riche en découverte.
Bien sûr Alice se fait des amies parmi un groupe de jeunes étudiantes du Lesotho venues se promener dans les montagnes.
En excursion avec un guide et un 4×4.
ET ne pas oublier son passeport, sinon : DEMI-TOUR !!!
La route est quasi impossible à emprunter seul à moins d’être équipé d’un véhicule tout terrain et conducteur de rallye.
Sinon il faut passer par la frontière nord du lésotho pour le rejoindre via le Lésotho.
En randonnée il faut 2 jours et être équipé d’une tente : il n’y a pas de refuge
Tarif 2019:
820 R/adulte
1/2 tarif moins de 10 ans
Gratuit pour 3 ans
Pour la famille en 2019: 3690 R (231,5 €)
Des excursions de plusieurs jours avec logement chez l’habitant sont possibles aussi.
1 dortoir pour 4 et une Chambre double : 1290 Rands (80,93 €).
190 Rands la nuit en dortoir
265 Rands /personne/nuit en chambre double
Notre première expérience avec un guide local ne nous a pas déçus et nous comprenons à quel point parfois un guide passionné permet de bien mieux appréhender une région.
Bien évidemment les informations culturelles rapportées dans cet article sont celles communiquées par notre guide, nos hôtes et les bergers rencontrés lors de cette journée.
Elles sont le reflet de leur vision des choses et ne peuvent en aucun cas être généralisées mais il nous semblait important de les transmettre à notre tour.
Avec un peu plus d’expérience nous aurions peut-être rejoint le Lésotho par le nord pour y passer quelques jours en autonome, mais cette approche par le Sani Pass était déjà un très belle expérience.